La première interrogation est évidente : N’est-il pas stressant de travailler sur des œuvres d’arts d’une telle ampleur ? La concentration olympienne de Francesca est en tout cas bien éloignée d’un quelconque stress. Ici, l’objet prime sur l’œuvre : on oublie la renommée pour se focaliser sur le travail de restauration.
Cela prend chaque année deux mois à Francesca pour réparer les fissures du temps et faire ainsi perdurer les 503 photographies que compte la collection. C’est à Milan, à l’Accademia di Belle Arti di Brera que la restauratrice a appris son métier. Depuis quelques années, Francesca travaille principalement au Grand-Duché du Luxembourg, dont au MNHA, à la Villa Vauban ou pour les archives nationales. Un métier unique et passionnant.
Francesca fait ce que l’on nomme de la restauration conservative. C’est-à-dire qu’elle ne touche jamais à l’originalité de œuvres. Le but étant réellement de réparer les petits dégâts du temps. Au château de Clervaux, les altérations sont minimes grâce aux moyens mis en place : régulation de la lumière, de la température, de l’humidité et des polluants dans l’air. Mais le simple fait que les photographies soient collées à des panneaux crée des dégâts dus à l’acidité présente dans le bois. De plus grandes rénovations devraient avoir lieu dans les années à venir, puisque les derniers grands travaux effectués datent de 2010.
Bien que les photographies soient en « noir et blanc », Francesca utilise une belle palette de couleurs : tonalités de bleu, de jaune ou d’orange viennent compléter les tonalités bicolores. Le travail de restauration passe donc par des retouches de couleur, mais également par des réparations de fissures, qui apparaissent généralement autour du cadre, ou les coins qui se décollent naturellement avec le temps. Il faut dire que les œuvres datent de plus de soixante ans et qu’elles ont été transportées dans le monde entier, sans être toujours emballées convenablement. En tout cas, le travail de Francesca vous permet de visualiser l’intégralité des œuvres des photographes puisqu’à ce jour, aucune image n’a dû être retirée à cause de sa mauvaise qualité.