Francesca Vantellini, restauratrice des photographies de The Family of Man

Comme chaque année, en janvier et en février, seuls quelques bruits de pinceaux transpercent le silence du château de Clervaux. Après les mille pas des visiteurs, ce sont les pas solitaires de Francesca Vantellini qui résonnent dans les salles d’exposition de The Family of Man. Calme et concentrée, cette restauratrice de photographies s’attelle minutieusement à la tâche. L’objectif, résorber les dégâts du temps sur les œuvres et les conserver le plus longtemps possible aux regards des milliers de visiteurs qui viennent ici chaque année. 

Francesca Vantellini, restauratrice - Visit Clervaux (1)

La première interrogation est évidente : N’est-il pas stressant de travailler sur des œuvres d’arts d’une telle ampleur ? La concentration olympienne de Francesca est en tout cas bien éloignée d’un quelconque stress. Ici, l’objet prime sur l’œuvre : on oublie la renommée pour se focaliser sur le travail de restauration.

Cela prend chaque année deux mois à Francesca pour réparer les fissures du temps et faire ainsi perdurer les 503 photographies que compte la collection. C’est à Milan, à l’Accademia di Belle Arti di Brera que la restauratrice a appris son métier. Depuis quelques années, Francesca travaille principalement au Grand-Duché du Luxembourg, dont au MNHA, à la Villa Vauban ou pour les archives nationales. Un métier unique et passionnant.

/ Fermeture annuelle de l’exposition The Family of Man

Les deux premiers mois de l’année sonnent la fermeture de l’exposition. Et ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela permet aux photos de se « reposer » dans le noir. En effet, elles n’apprécient guère la lumière, bien que celle-ci ai été bien étudiée au château pour accueillir les œuvres. La lumière naturelle ne transperce donc pas les murs épais du château et les heures ouvertures ont été adaptées : l’exposition est en pause le matin et n’ouvre qu’à partir de midi. Les photographies sont ainsi soumises à un régime strict : peu de lumière, une température constante et un taux d’humidité réglé. Toute perturbation pourrait endommager de façon irréversible la qualité des images. Ensuite, les deux mois sont nécessaires au travail d’orfèvre de Francesca Vantellini qui permet la conservation sur le long terme des images.

Francesca Vantellini, restauratrice - Visit Clervaux (10) Francesca Vantellini, restauratrice - Visit Clervaux (4)

Francesca fait ce que l’on nomme de la restauration conservative. C’est-à-dire qu’elle ne touche jamais à l’originalité de œuvres. Le but étant réellement de réparer les petits dégâts du temps. Au château de Clervaux, les altérations sont minimes grâce aux moyens mis en place : régulation de la lumière, de la température, de l’humidité et des polluants dans l’air. Mais le simple fait que les photographies soient collées à des panneaux crée des dégâts dus à l’acidité présente dans le bois. De plus grandes rénovations devraient avoir lieu dans les années à venir, puisque les derniers grands travaux effectués datent de 2010.

Bien que les photographies soient en « noir et blanc », Francesca utilise une belle palette de couleurs : tonalités de bleu, de jaune ou d’orange viennent compléter les tonalités bicolores. Le travail de restauration passe donc par des retouches de couleur, mais également par des réparations de fissures, qui apparaissent généralement autour du cadre, ou les coins qui se décollent naturellement avec le temps.  Il faut dire que les œuvres datent de plus de soixante ans et qu’elles ont été transportées dans le monde entier, sans être toujours emballées convenablement. En tout cas, le travail de Francesca vous permet de visualiser l’intégralité des œuvres des photographes puisqu’à ce jour, aucune image n’a dû être retirée à cause de sa mauvaise qualité.

"Véritable femme de l’ombre de l’exposition, sa mise en lumière de chaque œuvre est pourtant d’une importance cruciale pour la pérennité du travail d’Edward Steichen."